INTERVIEW — Grégory Lemarchal célébré à la Star Academy, sa mère Laurence se confie : « Je revis des émotions fortes »
26/11/2024
Pour célébrer les 20 ans de la saison remportée par Grégory Lemarchal, les élèves de la Star Academy ont eu la lourde tâche d’enregistrer une chanson écrite par l’artiste décédé en 2007. À cette occasion, Laurence Lemarchal s’est confiée à Gala.fr.
Une semaine empreinte de nostalgie. Afin de fêter dignement les vingt ans de la saison 4 de la Star Academy , les élèves de la promotion 2024 ont eu droit à de nombreuses surprises. En plus de passer leurs évaluations devant d’anciens professeurs emblématiques tels qu’Armande Altaï, Oscar Sisto ou encore Kamel Ouali, ils ont également fait la rencontre de Jenifer, gagnante de la première édition. En parallèle, le corps professoral leur a donné un défi de taille : interpréter un titre inédit de Grégory Lemarchal.
Intitulé Et si tu sens, celui-ci a été écrit par l’ancien vainqueur de la Star Academy, à l’hôpital, un mois et demi seulement avant sa mort. Pour ses parents, qui seront présents au prime au côté de sa soeur Leslie, il était naturel que celui-ci soit chanté pour la première fois par des élèves du programme qui a révélé Grégory Lemarchal. À l’occasion de cette saison anniversaire, Gala.fr a recueilli les confidences de Laurence Lemarchal
Gala.fr : Comment qualifieriez-vous cette chanson de Grégory qui a été confiée aux élèves de la Star Academy ?
Laurence Lemarchal : On aime beaucoup ce titre parce qu’il peut parler à tout le monde. C’est un message que l’on peut tous s’approprier. Dans la vie, nous vivons tous des moments difficiles : un combat contre la maladie, une perte, un chagrin d’amour, une déception… Cette chanson dépasse le cadre de la maladie.
Comme l’a rappelé Lucie Bernardoni, ce titre a été écrit par votre fils, depuis l’hôpital, un mois et demi avant sa mort…
C’était important que les élèves sachent dans quelles conditions Grégory a écrit ce texte. Ils doivent ensuite s’approprier ces mots, qui doivent eux-mêmes faire écho à leur histoire personnelle. Quand on est connecté à soi, le message passe. C’est comme ça qu’on touche les gens. À mon sens, ce texte est fort parce qu’il peut vraiment s’adresser à tout le monde.
Il est aussi important pour vous de rappeler que ce n’est pas une chanson triste…
Si Grégory avait été greffé, ça n’aurait pas été une chanson triste pour les gens. Il faut entendre ses mots. ‘Et si tu sens que le jour revient, que tu peux revivre demain’, c’est un message qui peut s’adresser à tout le monde, ça sort du cadre de la greffe. Quand Grégory a écrit ce texte, il y croyait. C’est donc un message d’espoir, de force et de vie. Pour nous, c’est tout sauf une chanson triste.
Ce titre a été composé par Davide Esposito et arrangé par Quentin Mosimann. Comment s’est fait ce choix ?
Depuis le départ de Grégory, tout ce que l’on fait doit avoir un sens. C’est un produit purement caritatif, puisque tous les bénéfices et les droits vont être reversés à l’association Grégory Lemarchal. Depuis 17 ans, c’est incroyable d’observer que ce lien avec les personnes que Grégory a côtoyées ne s’est jamais rompu. Davide Esposito est admirable, aussi bien en tant qu’artiste qu’être humain, donc ça avait du sens que ce soit lui qui compose la mélodie. C’était une évidence. Quentin Mosimann était une seconde évidence. Que ce soit avec eux, Lucie Bernardoni, Karima Charni ou Nikos Aliagas, nous sommes en confiance.
C’était aussi symbolique de confier ce titre inédit à des élèves de la Star Academy ?
Le fait que cette chanson soit chantée pour la première fois par des élèves, en sachant que Grégory était à leur place vingt ans plus tôt, ça a un sens pour nous. En les voyant, je revis des émotions fortes. Ce que Grégory a pu vivre avec cette aventure, mais aussi nous en tant que parents, reste ancré dans ma tête. Quand je les vois, je revois mon fils sur scène. J’espère qu’ils ont conscience de la chance qu’ils ont de vivre cette aventure à la fois artistique et humaine.
Qu’est-ce que la Star Academy a‑t-elle apporté à Grégory ?
Dans son album, il y a une chanson intitulée Je deviens moi, qui résume tout. Dans celle-ci, il dit ‘je deviens moi, le même en plus grand.’ Ça définit vraiment ce qu’il est devenu. Les valeurs sont restées les mêmes, mais avec la Star Academy, il s’est déployé. Il s’est donné les moyens d’aller décrocher ce qu’il souhaitait. Cette émission lui a aussi permis de vivre la collectivité, qu’il n’avait jamais connue enfant, en raison de sa pathologie. On était obligé de le protéger. Il n’était pas un risque pour les autres, mais les autres étaient un risque pour lui. C’était donc la première fois qu’il vivait en collectivité, même si des précautions ont été prises, afin qu’il ne soit pas en danger. Il avait à la fois la maturité d’un adulte de 21 ans et cette âme d’enfant qui lui a permis de s’exprimer. Ces deux facettes lui ont permis de vivre pleinement cette aventure.
Comment vivez-vous cette saison anniversaire ? Elle doit avoir une résonance particulière pour votre famille…
Vingt ans plus tard, c’est évident que ça a une résonance particulière, d’autant que nous avons maintenant des petits-enfants. C’est aussi la première fois qu’un titre écrit par Grégory va être mis en musique et chanté par d’autres depuis son départ. C’est fort en émotions. Nous sommes heureux que l’on parle de l’artiste, mais nous le faisons aussi pour rappeler notre combat, la lutte contre la mucoviscidose. C’est ça qui nous anime.
Comment se porte l’Association Grégory Lemarchal aujourd’hui ?
Nous n’avons jamais perdue de vue la promesse qu’on s’est faite lorsqu’on a créé l’association le 7 juin 2007. Nous avons toujours la même énergie pour aider les autres à travers nos missions, la recherche que l’on finance et les aides financières que l’on fait. Il y a aussi cette maison d’accueil pour les jeunes adultes, qu’on a créée à côté de Paris, qui les aide à se projeter dans la vue. Depuis le départ de Grégory, c’est notre vie à part entière.
Dans quelle mesure votre fille Leslie s’implique-t-elle dans ce combat ?
Leslie compte beaucoup dans ce combat. Elle a cinq ans de moins que Grégory, elle est maman maintenant, ce n’est plus une enfant. Mais quand un enfant est malade, la fratrie est naturellement impactée. Elle fait partie du Conseil d’administration, elle nous conseille énormément, on l’écoute beaucoup. Elle a du recul et une fine analyse. Elle est très importante.
Quelle est votre plus grande satisfaction ?
Avec cette association, on reçoit autant que l’on donne. Notre force, c’est d’être toujours au plus près des patients et de leurs familles, et ce depuis 17 ans. Nous sommes satisfaits des progrès qui ont déjà été réalisés. Ça évolue dans le bon sens, notamment grâce aux donateurs et à tout ce qu’ils nous apportent. Même si on n’en guérit toujours pas, la mucoviscidose d’aujourd’hui n’est plus celle qu’il y a quarante ans en arrière. Les malades vivent plus longtemps. On est là pour les accompagner, les aider et faire en sorte d’améliorer ces années en plus. Quand on est malade, la pire chose est de sentir isolé. C’est important pour nous de leur tendre la main. Et en écoutant les gens, on peut répondre à de vrais besoins.
Quel est votre prochain chantier avec l’association ?
Dans les hôpitaux, nous allons nous consacrer au centre de ressources et de compétences de la mucoviscidose (CRCM). À Grenoble, le service pédiatrique va déménager afin de pouvoir recevoir les familles dans des conditions optimales. Tout est pensé par l’équipe soignante pour que ça se passe au mieux quand ils viennent à l’hôpital. Il va y avoir la même chose à Nice. La fin des travaux et l’aménagement dans ces nouveaux services sont prévues pour juin 2025. Nous allons aussi amplifier notre rapport à la recherche en cofinançant des projets fondamentaux avec l’association Vaincre la mucoviscidose. Il y a trois ans, nous avons ouvert la maison Grégory Lemarchal (à Rueil-Malmaison, ndlr), qui est en train de grandir. Avec mon mari, nous nous y rendons régulièrement. Nous sommes très impliqués.
Source : gala.fr